Préparation du sol pour mon futur potager

Publié le 25 Novembre 2014

Me voici de retour après une longue période sans activité sur ce blog. Pas mal de choses se sont passées depuis le dernier article : je suis de retour en France et je vais pouvoir me mettre à cultiver mon petit lopin de terre… Car oui, je l’avais déjà évoqué dans des posts précédents, nous avons récemment fait l’acquisition d’un petit verger urbain, sur les hauteurs d’Essey-les-Nancy, à environ 25 minutes de vélo de notre appartement. Evidemment je continuerai à rédiger des articles pour montrer l’évolution de la terrasse, mais disons que ce blog se diversifie peu à peu !

Inutile de vous dire que je suis le plus heureux du monde et que, ces derniers mois, j’ai pu passer mon temps à rêver aux futurs aménagements et à lire tout ce qui me tombait entre les mains sur la permaculture et le maraîchage sur petite surface. Durant mes congés estivaux, j’ai commencé à mettre en pratique les enseignements théoriques et j’ai commencé à « préparer » le sol en vue d’y cultiver des légumes l’année prochaine. La douceur de l’automne m’a permis de poursuivre cette préparation et d’obtenir les premiers résultats, comme le montrera la suite de l’article.

Néanmoins, et malgré mes lectures et mes précédentes expériences, décider d’une marche à suivre ne s’est pas révélé évident. En effet, je partais pour ainsi dire de zéro, c’est-à-dire d’une terre qui n’a pas été exploitée depuis longtemps (toujours ?). Je vais donc dans un premier temps essayer de résumer les possibilités qui se présentaient à moi et d’expliquer les raisons de mes choix. Il n’y a rien de dogmatique, c’est plutôt de l’expérimental et le but est de mettre en lumière ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Pour l’instant j’ai finalement assez peu de recul, et j’ajusterai mon ressenti dans les futurs articles.

  1. Les débuts

Nous avons acquis le terrain en mars dernier. Il s’agit d’un terrain d’environ 1800 m2, avec une petite maisonnette et un puits. Il est exposé plein sud, sur les coteaux d’une butte témoin qui culmine à 400 m d’altitude. Il est planté de plusieurs essences (pommier, cerisiers, noyers, noisetiers, abricotier, quetschiers, et évidemment mirabelliers). Notre idée de départ était de conserver cette fonction verger mais en y ajoutant une fonction potager pour la production de nos légumes et petits fruits.

La parcelle au moment de l'achat (hiver 2013-2014): super exposition, puits et vue imprenable sur Nancy!
La parcelle au moment de l'achat (hiver 2013-2014): super exposition, puits et vue imprenable sur Nancy!
La parcelle au moment de l'achat (hiver 2013-2014): super exposition, puits et vue imprenable sur Nancy!

La parcelle au moment de l'achat (hiver 2013-2014): super exposition, puits et vue imprenable sur Nancy!

Néanmoins, il a fallu (et il faut encore !) réfléchir en fonction de nombreuses contraintes :

  • Absence d’électricité
  • Présence de puits mais eau très profonde en été (environ 7/8 m)
  • Terre jamais cultivée
  • Impossibilité d’accéder au terrain en véhicule à moteur (petit sentier de 1,50 m de largeur). Donc impossibilité d’apporter de grandes quantités d’intrants (compost vert, brf, etc).

J’ai successivement envisagé plusieurs méthodes pour préparer le sol à la culture : motoculteur, jardinage sur butte, ou sur couches de paillages sans travail du sol préalable avec ou sans engrais verts.

Le travail du sol avec motoculteur, même s’il semble être un prérequis dans la « méthode » Jean-Martin Fortier, ne m’a pas séduit. En effet, après quelques coups de bêche j’ai pu me rendre compte de la quantité astronomique de vers de terre : il s’agit d’une terre très riche avec une vie foisonnante. Détruire, ne fut-ce que temporairement, cette vie avec un motoculteur me semblait contre-productif.

Pour les mêmes raisons, le maraichage sur buttes (comme celui présenté par Emilia Hazelip) me semblait finalement très incertain puisque, pour créer ces buttes ex nihilo, il fallait en passer par l’utilisation d’un engin à moteur (la terre étant très lourde, le travail du sol à la bêche aurait un travail de titan). En outre, cela aurait également perturbé la structure du sol au niveau des abords des buttes.

Finalement j’ai décidé d’opter pour une méthode sans travail du sol en utilisant des couches de paillage successives. Certes, il s’agit de la méthode la plus longue à mettre en place puisque, sur un sol enherbé jamais travaillé, il faut s’y prendre presque 1 an avant les premières cultures ! Néanmoins, c’est également la seule méthode permettant de conserver la structure et la vie du sol, et le dos du jardinier par la même occasion. Cette technique a été développée par plusieurs maraichers dont le plus illustre est peut-être Masanobu Fukuoka. En France, Jean Pain et Dominique Soltner sont deux représentants de cette tradition du jardinage sans travail du sol. Et les préconisations de Claude et Lydia Bourguignon sur la culture sur couvert végétal sans travail mécanique s’appliquent également au maraichage sur petite surface. Autant dire que cette technique est largement décrite dans plusieurs ouvrages (avec des multiples variantes en fonction du climat, du type de sol, du jardinier, etc) pour qui cherche à la comprendre avant de la mettre en pratique

Un habitant des lieux, un peu effrayé par la tondeuse et la parcelle au mois de mai.
Un habitant des lieux, un peu effrayé par la tondeuse et la parcelle au mois de mai.

Un habitant des lieux, un peu effrayé par la tondeuse et la parcelle au mois de mai.

  1. La préparation du sol pour le potager

La première étape dans mon cas fut de décider de la forme de mon potager. J’ai opté pour des cultures « sur planches » de 1,2 m de largeur, 12 m de longueur et disposées perpendiculairement à la pente (orientées est-ouest). Les raisons du choix de cette forme sont multiples. Tout d’abord, le terrain étant déjà planté de fruitiers, je devais m’adapter à l’existant et je ne pouvais par exemple pas créer un carré de 300 m2 d’un seul tenant. Ensuite, l’exposition du terrain étant plein sud et la pente étant relativement forte, j’ai décidé de travailler sur des planches permettant de capter le maximum de lumière (le facteur limitant en lorraine étant généralement le manque de lumière ou de chaleur), donc en les orientant est-ouest. En outre cela évitera le ruissellement lors des forts orages et les éléments nutritifs auront moins de chance d’être lessivés (sur le même principe, bien que fortement atténué, que la culture en paliers). Enfin, le choix de planches de dimensions similaires est un choix rationnel : s’il faut couvrir le sol avec des bâches, autant pouvoir réutiliser une bâche d’une planche à une autre. La largeur des planches a également été réfléchie en fonction de la possibilité d’accéder au centre de la planche à partir des abords en étant assis ou penché sans avoir à marcher dans la planche, toujours dans l’idée de perturber a minima la vie des vers de terre et de la faune épi-et endogée.

J’ai ainsi dessiné 5 planches, toutes parallèles et s’intercalant avec les fruitiers déjà en place.

Une fois le choix de l’emplacement réalisé, la seconde étape fut de couvrir ces planches avec une bâche tissée permettant de laisser passer l’eau de pluie mais occultant la lumière. Cette étape est nécessaire pour « désherber » le terrain. Certes les plantes vivaces résistent à cette étape mais la plupart des annuelles germent puis « grillent » ou s’étiolent rapidement. J’ai réalisé cette opération en juillet dernier après avoir tondu court.

Première étape: étouffer l'herbe sous des bâches tissées.

Première étape: étouffer l'herbe sous des bâches tissées.

Environ 1 mois et demi plus tard, soit mi-septembre, j’ai découvert les planches et ajouté 10 cm de tontes fraiches. La tonte n’est pas nécessairement le meilleur paillage pour cette opération mais n’ayant pas la possibilité d’amener des amendements en grandes quantités j’ai fait « avec les moyens du bord » autrement dit avec ce que m’offrait la nature à proximité. C’est d’ailleurs un des principes de la permaculture. Néanmoins je dois reconnaître que s’il m’avait été possible d’apporter du BRF, j’aurais probablement préféré ce paillage qui est particulièrement efficace sur le long terme et qui aurait été pertinent dans le cadre d’une préparation pour une culture à t+1.

Un mois et demi après: une bonne partie de l'herbe a grillé (la photo au centre montre l'aspect sous les bâches), je rajoute 10 cm de tontes fraiches et je recouvre à nouveau.
Un mois et demi après: une bonne partie de l'herbe a grillé (la photo au centre montre l'aspect sous les bâches), je rajoute 10 cm de tontes fraiches et je recouvre à nouveau.
Un mois et demi après: une bonne partie de l'herbe a grillé (la photo au centre montre l'aspect sous les bâches), je rajoute 10 cm de tontes fraiches et je recouvre à nouveau.

Un mois et demi après: une bonne partie de l'herbe a grillé (la photo au centre montre l'aspect sous les bâches), je rajoute 10 cm de tontes fraiches et je recouvre à nouveau.

2 mois plus tard, soit mi-novembre, j’ai rajouté une couche de 5 cm de feuilles mortes, également collectées à proximité (essentiellement de noisetier) sur les tontes partiellement digérées par la micro-faune.

Prochaine étape : attendre que l’hiver fasse son œuvre ! En mars prochain, j’étalerai environ 5 cm de compost vert sur certaines planches et tenterai des semis d’engrais verts précoces sur d’autres. Mon principe est d’apporter le maximum de mulchs différents, en alternant des mulchs riches en azote (tontes, fumier décomposé) et riches en carbone (feuilles mortes, brf).

Dernière étape de l'année: une couche de 5 cm de feuilles mortes, puis on recouvre à nouveau.

Dernière étape de l'année: une couche de 5 cm de feuilles mortes, puis on recouvre à nouveau.

  1. Premières plantations et premières récoltes

Parallèlement à la préparation des planches j’ai également testé un semis directement sur planche désherbée et bêchée. Première constatation : cette technique est très fatigante et pas très efficace sur le plan de la lutte contre les adventices. En effet, en étouffant les plantules sous les mulchs, la technique des mulchs successifs devraient théoriquement permettre de limiter la germination et la repousse d’adventices alors que le bêchage direct fait remonter à la surface toutes sortes de graines qui n’attendent que cela pour germer.

Le 30 août j’ai ainsi semé mâche, épinard, roquette, navet et radis. Les radis ont été les premiers à être récoltés, à partir de fin septembre. Le temps ayant été assez chaud et sec en septembre, la récolte n’a pas été fameuse, bien qu’abondante. En revanche la récolte de mâche et de roquette, qui s’étale maintenant depuis plus d’un mois (et il y a de la réserve !) est assez incroyable. L’automne doux et humide a largement contribué à rendre la récolte précoce. Les navets sont en préparation mais ont pris du retard à cause d’un semis trop serré (note pour plus tard: ne pas hésiter à bien éclaircir, sinon les navets ne se formeront pas). Seule déception pour l’instant : les épinards qui poussent très lentement et sont attaqués par une multitude de petites bêtes (minuscules chenilles).

Sur une des planches, j’ai planté fraisiers et choux brocoli, en conservant la bâche tissée en guise de paillage (j’ai simplement fait des trous tous les 30 cm pour planter). Les plants se sont bien développés jusque début octobre. Puis un chevreuil et des limaces sont passés par là, défoliant l’ensemble et laissant peu d’espoir quant à la reprise. En dernier recourt, nous avons construit une « serre » de fortune, abritant les plantes des chevreuils et permettant de prolonger la saison de végétation pour laisser les plants se refaire une santé avant les premiers frimas.

Contre toute attente, cette serre s’est révélée être très efficace contre les chevreuils et a permis une repousse très rapide des brocolis qui sont même sur le point de produire ! Qui eut cru que l’on mangerait des brocolis cultivés à Nancy en décembre ?

Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).
Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).

Les premières récoltes (mirabelles, noix), plantation des fraisiers et des choux, construction de la serre de fortune avec l'aide des amis et les semis de l'automne (mâche, navet, roquette).

Rédigé par Le jardinier nancéien

Publié dans #verger, #Techniques

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