Des vers dans notre appartement

Publié le 29 Décembre 2013

Cela faisait quelques temps que ça me tentait, nous avons récemment franchi le pas: nous sommes officiellement devenus propriétaires d'un lombricomposteur il y a un mois.

En général, à la simple évocation du mot, les réactions autour de nous se divisent en deux catégories: une petite minorité (environ 10%) de réactions positives et une grande majorité de réactions mitigées, provenant d'amis qui s'imaginent que notre appartement est désormais un tas de compost à ciel ouvert avec des vers grouillant de toutes parts.

Donc pour commencer: NON ce n'est pas immonde et NON nous ne dormons pas avec les vers de terre! Nous avons certes eu quelques soucis au début mais rien de grave et tout est rentré dans l'ordre désormais, j'y reviendrai.

Tout d'abord, le lombricompostage c'est quoi?

Le principe est ultra-simple: il s'agit de recréer chez soi, à l'intérieur donc, ce qui se passe dans la nature, par exemple dans la litière d'une forêt. Lorsque vous vous promenez à l'automne, la litière est jonchée de feuilles mortes. A l'approche de l'été suivant, il n'y a plus rien: entre les deux périodes, les animaux du sol, et notamment certains vers de terre, ont consommé la matière organique contenue dans les déchets végétaux pour s'en nourrir. Une fois la digestion terminée, les éléments minéraux présents dans la matière organique initiale sont à nouveau disponibles dans le sol pour les végétaux qui les utilisent pour leur croissance.

Le lombricompostage est aujourd'hui mis en avant par certaines communes ou collectivités locales qui souhaitent réduire le poids des poubelles de leurs habitants. Notre lombricomposteur est d'ailleurs en partie financé par la communauté urbaine du grand Nancy qui nous a également dispensé une formation pour bien l'utiliser. Les déchets organiques représentant près de 30% du poids d'une poubelle moyenne, on comprend facilement l'enjeu économique sous-jacent!

Concrètement le lombricomposteur se présente sous la forme d'un bac disposant de plusieurs "plateaux" empilés les uns sur les autres et troués à la manière d'un tamis grossier. Ces trous permettent aux vers de naviguer d'un plateau vers l'autre. Le premier plateau (plateau inférieur) reçoit la litière initiale et les vers. Une fois ce plateau rempli de déchets végétaux, on rajoute un second plateau que l'on remplit à son tour. Et ainsi de suite. Lorsque tous les plateaux sont pleins, on peut réutiliser le premier plateau en le vidant de son compost. Comme les vers se déplacent vers les plateaux supérieurs où la nourriture est abondante, le premier plateau se vide progressivement, des sorte qu'il ne contient in fine que du lombricompost. C'est le principe de la rotation des plateaux.

Le lombricomposteur avec des déchets frais dans le plateau supérieur et les mêmes déchets un mois après.
Le lombricomposteur avec des déchets frais dans le plateau supérieur et les mêmes déchets un mois après.Le lombricomposteur avec des déchets frais dans le plateau supérieur et les mêmes déchets un mois après.

Le lombricomposteur avec des déchets frais dans le plateau supérieur et les mêmes déchets un mois après.

Sous le premier plateau se trouve un bac de récupération pourvu d'un robinet afin de récolter le thé de compost. Ce thé de compost est un liquide très riche équivalent à un engrais organique concentré.

Vous l'aurez compris: le lombricompostage ne possède que des avantages pour les jardiniers citadins que nous sommes: il permet de réduire le volume de ses poubelles, et donc d'espacer la corvée de la "poubelle à descendre" (sans compter qu'il permet également de réduire les odeurs des poubelles, ces odeurs provenant en général des déchets organiques) et dans le même temps, il permet d'obtenir un engrais organique de première qualité doublé d'un lombricompost parfait pour fertiliser le sol des bacs et jardinières.

On ne peut cependant pas tout mettre dans le lombricomposteur. Par exemple la viande, le poisson, les sauces et tout ce qui est gras sont proscrits. De même certains végétaux sont toxiques pour les vers, c'est le cas des alliacées (poireaux, ails, oignons, échalotes) et de la rhubarbe. De même les agrumes sont trop acides. Il faut également veiller à ne pas mettre que des déchets "humides": il faut ainsi alterner des épluchures de légumes avec du carton découpé en morceau par exemple, afin de réguler l'humidité. Tout est question de dosage et les ajustements se font progressivement. Nous nous sommes par exemple aperçus que les vers adoraient les peaux de banane et les dosettes de café usagées. Pratique quand on a un grand consommateur de café à la maison!

Les vers nous ont été envoyés par un transporteur depuis une ferme lombricole dans le sud-ouest de la France. Il faut savoir que les vers sont très sensibles aux variations de températures et aux vibrations. Le transport les a donc rendus un peu fébriles... Ce qui nous a valu quelques déconvenues au début. Nous les avons en effet installés dans leur litière toute neuve pensant naïvement qu'ils allaient l'adopter instantanément. Erreur! Probablement stressés par leur voyage, ils se sont mis à naviguer dans le lombricomposteur et à sortir par les trous d'aération. Nous en avons donc retrouvé une bonne vingtaine échappés sur le sol autour du lombricomposteur. Comme ce scénario s'est reproduit plusieurs fois nous avons installé une lampe d'appoint au dessus de lombricomposteur que nous avons laissé allumée toute la nuit. Les vers ayant peur de la lumière, ils n'ont plus cherché à s'échapper. Finalement après quelques semaines, nous avons enlevé la lampe et il n'y a plus de problème. Ils se sont adaptés à leur environnement et ne cherchent plus à s'enfuir.

Zoom sur les vers

Zoom sur les vers

Moyennant ces quelques ajustements, le lombricompostage ne nécessite que peu d'entretien: la population de vers se régule d'elle même en fonction de la nourriture à disposition et il est possible de leur fournir un apport de protéines (fournies avec le kit de départ) avant de partir en vacances par exemple. Il n'y a absolument aucune odeur puisqu'il ne s'agit pas de "compostage" au sens classique du terme avec production de méthane. Au contraire, l'odeur se rapproche plus de celle d'un sous-bois au printemps, pas forcément désagréable.

Rédigé par Le jardinier nancéien

Publié dans #Techniques

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